Sur le lieux de l'ancien monastère des Clarisses 1292-1792

Le 23 août 1292, quatre femmes pieuses de Verdun, Colette Aquille et sa fille Françoise, Agathe et Marguerite Grainder, ayant résolu de mener ensemble la vie religieuse, obtinrent de Jacques de Révigny, évêque de Verdun, et de Thomas de Alâmont, princier de la cathédrale, la permission de bâtir à l’extrémité de la ville, non loin de St Victor, une église et un monastère pour elles et toutes les personnes qui dans la suite voudraient les imiter.


L’année suivante, elles s’adressaient au cardinal Mathias du titre de Ste Marie du Port, protecteur de l’Ordre des Mineurs en France, pour obtenir d’être affiliées aux Cordeliers. Par lettres authentiques datées du 4 juin 1293, elles furent admises dans la famille religieuse des Sœurs mineures de la Province de France et autorisées à se constituer en religion et clôture comme les sœurs de Ste Claire de Metz établies quelques années auparavant.


Le Père Ministre Général des Frères mineurs de la Province de France régla aussitôt cette fondation et organisa la vie de communauté. Trois religieuses professes vinrent de Metz à Verdun pour recevoir les vœux des premières fondatrices.


C’est en mémoire de Colette Aquille que les religieuses furent appelées vulgairement sœurs collettes.


La Réforme fut introduite en 1600 par les Père Récollets sous la direction du Ministre Général de l’Ordre.

 

Ce monastère a été supprimé comme tant d'autre à la Révolution Française.

 

Semaine Religieuse A. Weber, témoignage d'un fait merveilleux, 1911

"Il y a quelques mois, s’est produit, au Carmel de Malte, un fait merveilleux qui intéresse notre diocèse et que nous ne saurions laisser tomber dans l’oubli.

 

On sait qu’autrefois existait à Verdun, dans la rue actuelle de Saint-Victor, un couvent de pauvres Clarisses. Il fut fermé avec tant d’autres, pendant la Grande Révolution.

 

Or, dans l’église de ce couvent, on conservait un reliquaire qui en était la plus grande richesse. Quand vint l’heure de la cruelle séparation, la Mère Abbesse le confia à la garde de deux sœurs, qui l’emportèrent avec elles et le conservèrent pieusement dans leur maison paternelle, à Brouennes. Avant de mourir, ces deux saintes filles remirent le dépôt sacré à leurs neveux.

 

Ceux-ci demeuraient à Juvigny-les-Dames. Leurs derniers descendants restent à Verdun. Cette chrétienne famille a donné à l’Eglise, vers le milieu du siècle dernier, deux prêtres d’élite, dont l’un, après avoir cumulé les fonctions de vicaire de la Cathédrale et aumônier de la Congrégation de Notre-Dame, est mort curé de Fains, en odeur de sainteté ; l’autre est tombé, victime de son dévouement, presque au lendemain de son ordination sacerdotale. Dieu se choisit également dans cette famille bénie deux religieuses, actuellement prieures de chacun de leurs monastères.

 

L’une d’elles, expulsée de France, est allée fonder un Carmel dans l’île de Malte. Le couvent s’élève sur le domaine de Publius, l’ancien gouverneur de l’île, guéri par St Paul et devenu ensuite premier évêque de Malte. C’est à l’endroit même où le vaisseau qui portait le grand apôtre était venu échouer après une épouvantable tempête.

 

La Mère Prieure, après avoir abrité ses filles dans leur nouveau couvent, souhaitait vivement enrichir la renaissante Communauté du précieux Reliquaire qui avait fait l’admiration émue de sa petite enfance, et devant lequel, jeune fille, elle avait si souvent répandu son âme en ferventes prières. Sur ses instances réitérées, il lui fut enfin envoyé, non sans un grand sacrifice de la part des siens.

 

Dès son arrivée, les Carmélites lui firent un accueil solennel. Elles allèrent le recevoir, à la porte de clôture, chacune un cierge à la main, au chant de l’hymne des Saintes Reliques, et l’exposèrent ensuite dans le chœur, sur un trône de lumières et des fleurs ; puis elles se mirent en prière.

 

Tandis que la Communauté adressait ses vœux et ses hommages de bienvenue aux serviteurs de Dieu qui venaient si aimablement partager leur exil, une jeune novice, d’origine maltaise, fut favorisée d’une apparition qui la plongea dans un saint ravissement. Elle voyait très distinctement, de chaque côté du Reliquaire, deux religieuses inconnues, à genoux, rayonnantes de gloire et le visage resplendissant d’une joie toute céleste.

 

A peine sortie de l’église, elle n’eut rien de plus pressé que de raconter à la Mère Prieure ce qu’elle venait de voir, profondément étonnée que ses sœurs n’aient rien remarqué. Elle n’avait qu’un regret : que ces religieuses étrangères ne fussent pas Carmélites. La Mère Prieure lui ayant demandé de détailler leur costume, constata bientôt, par la minutieuse description qui lui en fut faite, que ces saintes religieuses appartenaient à l’ordre des pauvres Clarisses.

 

Sans tarder, elle rentre à l’église avec l’heureuse voyante et lui fait de nouveau décrire, dans les moindres circonstances, la vision qui durait toujours.

 

Le doute n’est plus possible, et d’autant moins que la jeune maltaise n’avait jamais vu de Clarisses et ne soupçonnait même pas l’existence de cet Ordre.

 

C’étaient donc, selon toute probabilité, les deux expulsées de Verdun ; les deux arrières- grandes-tantes de la Prieure qui étaient venues du Ciel afin de remettre officiellement entre les mains de leur arrière-petite-nièce et de ses filles, le dépôt vénéré, précieux souvenir de leur bien-aimé couvent.

 

Tant que le Reliquaire fut exposé, les deux saintes Clarisses demeurèrent dans la même attitude de céleste contemplation. Elles ne disparurent qu’au moment où leur cher trésor occupa, dans le chœur des religieuses, la place d’honneur qui lui avait été préparée."

 

Du Très Révérend Père Elisée de la Nativité OCD, Provincial du Brabant 12 janvier 1964

"Comme je l’avais promis, j’ai demandé aux Carmélites de Malte des renseignements concernant une relique de Ste Claire et une vision qu’aurait eue une novice. J’ai eu la réponse par cette novice elle-même, la Mère Thérésita de Jésus, qui entra au Carmel Français d’Uzès réfugié à Malte durant les expulsions, fut à la fondation de Sète (qu’aimait beaucoup notre Père Louis de la Trinité), y fut prieure et s’en retourna à Malte avec une compagne il y a une dizaine d’années. Elle m’écrit : « Mon cher Père, j’ai demandé à notre confesseur le Père Carmelo, si je dois vous dire les choses telles qu’elles sont à propos du Reliquaire. En effet il est arrivé à Malte en 1911, j’ai été petite novice, qu’on appelait l’enfant de la maison. Nous sommes allées le chercher en procession, en manteau et les cierges allumés, à la porte de clôture. Dès qu’on l’a posé sur l’autel du chœur, j’ai vu deux religieuses souriantes en habit gris foncé, j’ignorais qu’elles étaient des Clarisses car je n’en avais jamais vu. Je l’ai dit à notre Mère Marie-Thérèse, alors Prieure. Alors toute heureuse elle m’a répondu : « Ce sont mes tantes Clarisses. » Nous avons examiné le grand Reliquaire par-derrière. Il y avait la date et les armes royales peintes sur du gros satin déchiré… Mère Marie-Thérèse m’a raconté l’histoire venue en sa famille par tradition. La grand-mère de sa bisaïeule avait deux tantes Clarisses, une était Abbesse, l’autre son Assistante. Elles ont fait le Reliquaire pour l’offrir au Roi, qui après l’avoir admiré, le leur avait laissé comme cadeau. Pendant la Terreur les Clarisses se sont dispersées dans leurs familles. Les tantes se sont réfugiées en leur famille emportant le Reliquaire. » Ainsi parvint-il à Malte. Il est sans doute à Sète."